Faut-il encourager la gig economy en entreprise ?

Article écrit par AravatiAdmin2022

9 septembre

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Le succès des plateformes d’échange de compétences préfigure-t-il un nouveau monde du travail hyper-flexible, totalement numérisé et sans limite ?

La gig economy, on en entend beaucoup parler. Mais que cache vraiment cette nouvelle formule magique ? Un « gig », c’est un concert. La gig economy fait donc allusion à tous ces musiciens qui passent leur temps à courir derrière les cachets. Autrement dit, c’est le royaume des petits boulots, contrats courts et missions indépendantes, et il s’étend prodigieusement aux USA et en Australie, mais se développe aussi à grande vitesse en Europe, par le biais d’innombrables plateformes « innovantes » et « disruptives » de micro-travail. En France, on parle aussi d’économie de partage et la promesse séduit. Dans les faits, pourtant, le partage n’est pas toujours équitable…

Service ou servitude ?

Pour l’entreprise la gig econmy serait un moyen de gagner en productivité, en flexibilité et donc en compétitivité. Pour le travailleur, entrer dans l’ère de la gig economy apporte surtout plus de flexibilité et de liberté. Les nouvelles technologies et une approche globale plus mobile du travail ont favorisé l’émergence de l’économie de partage, promettant une vie professionnelle moins cadrée, plus libre au niveau des horaires ou du lieu de travail, et donc en meilleure harmonie avec la vie privée. Les jeunes générations sont séduites : 80 % des 16-34 ans déclarent être intéressés par cette option, et près de 40 % d’entre-eux tentent ou vont tenter leur chance, selon la dernière étude d’ADP sur le travail indépendant en Europe. Faut-il alors encourager ce système ?

Le travail flexible et hyper-spécialisé a ses revers. Le volume considérable (2.8 millions en France) de travailleurs indépendants implique une concurrence extrême entre ces derniers. Ils se voient contraints de brader leurs tarifs ou de rallonger inexorablement leurs journées, pour des rétributions rarement à la hauteur du temps passé. En outre, ils doivent assumer nombre de frais annexes pour bénéficier d’une protection sociale notamment, et les risques inhérents à leur travail. L’avantage, côté travailleur, est donc surtout celui de l’indépendance.

Un modèle transitoire

Pour certains prospectivistes, la gig economy est une phase de transition du marché de l’emploi, avant « l’ère du transfert ». Une ère où on ne travaille plus, mais où on cumule les « transferts », des missions différentes pour des employeurs différents.  Cette ère serait issue de la convergence du « slashing » (cumul de plusieurs jobs), des réseaux sociaux qui deviendraient de plus en plus efficaces sur le marché de l’emploi, et du besoin d’agilité croissant des entreprises. Une transformation qui ouvre de belles perspectives mais qui pose aussi question en termes de fiscalité, protection sociale etc.